ARTICLES DU GORAFI

LA CRISE DE L'EMPLOI (B1)
http://www.legorafi.fr/2016/01/14/il-rencontrait-des-filles-sur-internet-et-leur-faisait-croire-quil-avait-un-cdd/

 

TEXTE NIVEAU A1

Mon village, Juan et Serge.

Je m’appelle Henriette, j’ai 30 ans et j’habite à Paris. Je ne suis pas parisienne à l’origine. Je viens d’un petit village dans le sud de la France, à côté de Marseille. Un vrai. Avec sa boulangerie, sa petite mairie, son école, son église et son cimetière. Et ses vieux. Et des jeunes enfants. Dans mon village, les gens parlent un français bizarre. Un « accent ». Mais c’est ma langue, mon identité. Elle chante, ma langue. Elle est comme un soleil. Elle est comme un pastis. Elle est comme les champs. Elle est comme l’air parfumé du romarin et la lavande. Mes parents habitent dans une maison, sur la place du village. Devant la maison, il y a un petit banc en pierre et des fleurs. Mes parents adorent ce vieux banc. Le dimanche, ils s’assoient sur ce banc, ils observent la vie du village, ils parlent avec les voisins, ils commentent la météo, ils écoutent le vent dans les arbres, ils regardent les enfants jouer au foot sur la place. Ils sont heureux. Ma mère est pharmacienne. Mon père, lui, écrit des livres. Ce ne sont pas des livres connus, mais pour mon père, ce n’est pas important. Ses livres parlent de la vie du village, des voisins, de la météo. Et des vieux. Et des jeunes enfants. A côté de la maison, il y a un restaurant, le seul restaurant du village. Il s’appelle « Chez Juan ». Le cuisinier, Juan, est espagnol. Il ne parle pas très bien français mais il cuisine très bien, des plats typiques de son pays. Je ne connais pas l’Espagne, mais je connais toutes les spécialités ! Tous les matins, mon père lui dit « Salut Juan ! » et Juan répond avec son accent « Salut Hervé ! ». Le soir, mon père lui dit « Bonne soirée Juan, à demain ! » et Juan répond « Demain est un autre jour ». C’est tout. Le rituel est identique, chaque matin, chaque soir. Mes parents ne voyagent jamais. Ils ne connaissent pas Paris. Ils connaissent un peu Marseille. Et un peu l’Espagne. Enfin, juste la cuisine espagnole. Et Juan. Dans ce village, les enfants ne regardent pas la télévision. Ils n’ont pas de téléphone portable comme à Paris. Et ils n’ont pas de compte Facebook. Ils ne connaissent pas les émissions de télé réalité. C’est un village spécial. Peut être l’unique village de ce type en France. Les enfants pêchent toute la journée dans la petite rivière. Ils font des compétitions pour pêcher Serge. Serge, c’est un poisson. Il est énorme. Il a une tâche orange sur la tête et des moustaches noires. Il est très vieux, Serge. Mais tout le monde adore ce poisson. Il est une légende. Quand ils ne pêchent pas, ils font du vélo dans la forêt à côté de la rivière. Il y a beaucoup de bosses, c’est dangereux. Les filles, elles, adorent fabriquer des cerfs-volants. De toutes les couleurs : des bleus, des verts, des jaunes. Dans le ciel, le spectacle est magnifique. A Paris, il n’y a pas de cerfs-volants. Il n’y a pas de couleurs dans le ciel. A Paris, le ciel est gris. Toujours. Et il n’y a pas de poissons avec des têtes jaunes et de grandes moustaches noires dans la Seine. Mais il y a des émissions de télé réalité. Et les enfants passent toute la journée sur leur compte Facebook. Voilà, ça, c’est mon village.

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